DEPHY : en mobilisant différents leviers, la réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques est possible

Le plan Écophyto 2+ vise à réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (communément appelés pesticides) en France tout en maintenant une agriculture économiquement performante. Il a pour objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2025.

Le dispositif DEPHY : la force d’un réseau

Le réseau DEPHY, dispositif majeur du plan Écophyto, s’organise autour d’un réseau de sites expérimentaux, le dispositif DEPHY EXPE et d’un réseau de collectifs d’exploitations agricoles : DEPHY FERME. Ces dernières sont engagées dans des systèmes de culture économes en produits phytopharmaceutiques.
En France, le réseau DEPHY FERME représente un peu plus de 2 000 exploitations, réunies au sein de 180 groupes d’une douzaine d’agriculteurs et agricultrices, animés et accompagnés par des Ingénieurs Réseau (IR) issus de différentes structures (chambres d’agriculture, réseaux 1 , groupements d’agriculteurs biologiques, 2 , centres de gestion, lycées agricoles...).
En région AURA, 16 groupes DEPHY FERME existent, ce qui représente plus de 180 exploitations. Ils rassemblent les filières représentatives de la région : l’arboriculture, la viticulture, les grandes cultures, la polyculture-élevage et le maraichage.

Carte interactive du réseau DEPHY

Un exemple : la filière grandes cultures et polycultures-élevages a enregistré une diminution moyenne de 26%

L’IFT, indice de fréquence de traitement, a été choisi pour mesurer les résultats des groupes. Cet indice représente le nombre de doses de référence utilisées par hectare au cours d’une campagne culturale. Il peut être calculé pour un ensemble de parcelles, une exploitation ou un territoire, et peut être décliné par grandes catégorie de produits (herbicides ; fongicides ; insecticides et acaricides ; autres produits).
Au niveau national, pour les 774 systèmes en grandes cultures et polyculture-élevage étudiés, le réseau Dephy Ferme enregistre une baisse de 26 % de l’IFT moyen hors produits de biocontrôle , produit d’origine naturelle et et hors traitement de semences, entre leur entrée dans le réseau et la moyenne triennale des campagnes 2018-2019-2020 : cet indicateur passe de 2,6 à 1,9 (- 0,7 point). La dynamique d’évolution des IFT diffère selon les catégories de produits phytopharmaceutiques. Ainsi, les IFT hors herbicides hors 3 et hors traitement de semence diminuent plus rapidement que la moyenne des IFT totaux (- 38 %), alors que les IFT herbicides hors biocontrôle baissent de 15 %, ces derniers représentant la moitié des IFT appliqués à l’état initial.
Par comparaison, en région AURA, sur la même période, les 16 groupes DEPHY ont un IFT total de 1,4 en moyenne sur la période 2018/19/20, ce qui représente une baisse de 5% pour les grandes cultures et de 27% pour la polyculture-élevage sur la période 2015 à 2017. Pour cette dernière filière, l’introduction de prairies temporaires dans la rotation explique cette performance.
Les résultats en grandes cultures - polyculture élevage ne sont qu’un exemple des travaux qui sont menés depuis 2011. En effet, au sein du réseau DEPHY Ferme, les résultats indiquent que les IFT baissent pour toutes les filières (site : https://ecophytopic.fr/).

Les baisses d’IFT du réseau DEPHY

Evolution de l’IFT chimique moyen par filière (de l’état initial en 2010 à la moyenne triennale de 2017/2018/2019) :


Source : https://dephygraph.fr/

Un déploiement de techniques et de systèmes agricoles pour réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques

Pour améliorer leurs performances, les exploitants agricoles de la région mobilisent la 4 , afin de minimiser l’impact environnemental et le coût de la lutte tout en maximisant les résultats économiques de l’agriculteur. Ainsi, plusieurs leviers peuvent être utilisés :
  pour diminuer les herbicides, la diversification et la rotation des cultures, le décalage des dates de semis, l’observation des cultures, le désherbage mécanique et la mise en place de couverts.
  Pour diminuer les fongicides, le choix de variétés adaptée, en mélange le cas échéant, l’utilisation du biocontrôle.
  Pour diminuer les insecticides, principalement l’utilisation du biocontrôle et l’association des cultures.

Les groupes 30 000 : des collectifs pour massifier les connaissances acquises pour le réseau DEPHY ferme

Instaurés en 2016, les groupes 30 000 sont des collectifs, qui se regroupent afin de réfléchir à la mise en place de systèmes et de pratiques économes en produits phytopharmaceutiques, en se basant sur les travaux des groupes DEPHY pour les transférer et les massifier.
En région AURA, tous les ans, des groupes 30 000 sont ainsi recrutés. Des journées sont également organisées et ouvertes à tous pour que chacun s’approprie les changements de pratiques.
Un agenda avec les différents évènements des groupes est disponible. La page facebook régionale est aussi disponible pour consulter l’actualité des collectifs.

Notes et références

1CIVAM : Centres d’Initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural

2FREDON : Fédération Régionale de Lutte et de Défense contre les Organismes Nuisibles

3biocontrôle : Le biocontrôle est un ensemble de méthodes de protection des végétaux basé sur l’utilisation de mécanismes naturels. Seules ou associées à d’autres moyens de protection des plantes, ces techniques sont fondées sur les mécanismes et interactions qui régissent les relations entre espèces dans le milieu naturel

4protection intégrée des cultures : La protection intégrée des cultures (PIC) a pour objectif de réduire l’utilisation des pesticides afin de minimiser l’impact environnemental et le coût de la lutte tout en maximisant les résultats économiques de l’agriculteur.

Elle consiste en « la prise en considération attentive de toutes les méthodes de protection des plantes disponibles et, par conséquent, l’intégration des mesures appropriées qui découragent le développement des populations d’organismes nuisibles et maintiennent le recours aux produits phytopharmaceutiques et à d’autres types d’interventions à des niveaux justifiés des points de vue économique et environnemental, et réduisent ou limitent au maximum les risques pour la santé humaine et l’environnement » (paragraphe 6 de l’article 3 de la directive 2009/128/CE).


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