La place des femmes en agriculture - retour sur la table ronde du Sommet de l’Elevage 2023

Le Sommet de l’Élevage 2023, événement majeur pour l’élevage, fut l’occasion de mettre en lumière la place des femmes en agriculture. La résonance de cette manifestation et le large spectre des visiteurs était une opportunité pour concrétiser un projet né d’une collaboration entre les référentes Égalité&Diversité de trois structures (Inrae, DRAAF Auvergne-Rhône-Alpes et Vetagrosup).

Une table ronde a été organisée sur cette thématique avec des intervenants aux profils variés afin d’avoir des regards croisés.

Au tour de la table se trouvaient Marine Tartière (agricultrice dans le GAEC de la Vallée de l’avenir dans le Puy- de-Dôme), Laura Chalendard (agricultrice à Rive-de-Gier), Christine Vazeille (agricultrice dans le GAEC des Thuyas dans le Puy- de-Dôme), Patrice Chassard (agriculteur dans le GAEC du bois joli dans le Puy- de-Dôme) mais aussi Anne-Charlotte Dockes (ingénieure agro-économiste à l’IDELE) et Jean-Marc Callois (directeur adjoint de la DRAAF Aura).
Au travers d’extraits de la BD « il est où le patron ? » (de Maud Benezit et des paysannes en polaire), les participants ont pu échanger et partager leurs expériences en s’appuyant sur ce support ludique.

En Auvergne-Rhône-Alpes, la place des femmes exploitantes (exploitantes et co-exploitantes) s’accroît faiblement entre 2010 et 2020, passant de 23,7 % à 24,5 % (soit 15 323 femmes), et demeure inférieure au pourcentage national ( 27 % en 2010 et 26 % en 2020).


Si le fait de s’installer individuellement reste encore difficile, la pugnacité vient à bout de nombreuses difficultés et fait tomber les a priori. Les femmes savent s’affirmer et s’assumer. Pour autant, le manque de confiance (en elles-mêmes mais aussi de la part de prestataires extérieurs) apparaît comme un frein limitant ou retardant la concrétisation des projets.

Aucune réalité ne confirme le fait que les femmes ne sont pas aptes à devenir agricultrices. Les idées reçues sont les seuls points bloquants à un accroissement du pourcentage de femmes dans ce secteur d’activité.
D’autant que de nombreuses études montrent qu’au-delà de la question d’égalité femme/homme, les structures mixtes affichent des taux de rentabilité et d’efficacité supérieures à des structures « unisexes ». En effet, le relationnel entre associés étant de meilleure qualité, les gains de productivité sont au rendez-vous.


Si dans certaines formes sociétaires, les femmes sont souvent cantonnées à certaines tâches (fabrication de fromage, tâches administratives...), il n’en demeure pas moins que ces tâches sont souvent sources de valeur ajoutée.


La question du statut des femmes a été au cœur des échanges. Si une partie des femmes a un statut de cheffe d’exploitation ou de co-exploitante notamment avec la création des GAEC entre conjoints, beaucoup d’autres n’ont pas de réelle reconnaissance de leur activité. Cette situation a des conséquences importantes pour la retraite, lors d’une séparation et dans bien d’autres cas de figure.


Si l’équilibre fille/garçon est presque respecté au sein de l’enseignement agricole, les différences sont conséquentes selon les domaines. Ainsi, alors qu’il y a 90 % de filles dans les sections « équines », ce chiffre tombe à 3 % dans l’agroéquipement.


La place des femmes est un sujet clé dans la perspective du renouvellement des générations sachant que lors du recensement de 2020, la part des exploitants agricoles de plus de 55 ans était de 41 % et de 23% pour les plus de 65 ans. Il faut souligner que la part des plus de 55 ans n’était que de 34 % en 2010.

Le défi à relever passe par le « faire savoir » à l’école et dans la société en général, mais aussi par l’enseignement agricole, magnifique levier qui pourra faire évoluer en profondeur les mentalités et ouvrir les horizons.


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